Manque de bornes de recharge

N.S Carideal

Updated on:

Bornes de recharge en ville

Les ambitions étaient élevées. Dès 2008, le Grenelle de l'Environnement avait fixé pour objectif 75 000 points de recharge publics en 2015 et 400 000 en 2020. En avril 2010, treize villes pilotes devaient installer 26 000 points de charge d'ici à 2015.
Aujourd'hui, on est loin du compte. Selon Benoît Treilhou, responsable Renault Z.E en France, on ne compte que de 2500 à 3000 bornes surtout concentrées sur le Grand Paris et à Nice, où les opérateurs d'Autopartage, Autolib' et Auto Bleue, réservent certaines de leurs prises aux possesseurs de véhicules privés.
Pourtant, les ambitions annoncées étaient cohérentes. "La règle d'or est qu'il faut une installation accessible au public pour cinq véhicules électriques, assure Jean-Louis Legrand, coordinateur interministriel du plan décarboné. Si l'on retient l'estimation de 400 000 véhicules électriques en 2016, il faudrait donc 90 000 bornes de recharges publiques dont 10 000 de recharge rapide".

Brouillon
Aidés par certaines collectivités locales, constructeur et fabricant de bornes mettent les bouchées double pour que les premiers véhicules puissent rouler. Tous les grands opérateur sont aujourd'hui sur les rangs, pour finir le matériel, mais aussi pour la monétique et la transmission des données, le génie civil... Mais les initiatives se multiplient de façon brouillonne. C'est dans ce contexte que le gouvernement, dans le cadre du plan de soutien à l'automobile, a confié à Philippe Hitzman, coordonnateur de l'installation des infrastructures de recharge, la mission de lever les obstacles au déploiement massif des bornes et d'accélérer leur mise en place.
Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Toutes les études, française et étrangères, montrent que le premier lieu de recharge, et de loin, sera d'abord le domicile, puis lieu de travail et enfin seulement les bornes publiques. Avant même d'acquérir son véhicule électrique, l'acheteur potentiel doit être certain de pouvoir le recharger à la maison. Voilà qui d'emblée écarte de l'accès au véhicule électrique tous les habitants d'appartements en étages ne disposant pas de parking équipés de prises. Soit, la majeur partie des citadins. La première cible des vendeurs de véhicules électrique est donc le possesseur d'un pavillon. Xavier Froment, directeur général de Legrand, estime ainsi qu'il faudrait deux prises pour chaque véhicule ( l'une au domicile, l'autre sur le lieu de travail ). "Si l'on table sur un million de véhicules électriques ou hybrides plug in en France en 2020, il faudrait donc près de 2 millions de prises", conclut-il. d'ores et déjà, Legrand annonce son ambition d'installer un million de prises d'ici à cinq ans.

Quelles normes ?
Tous les véhicules ne peuvent pas de façon régulière se recharger sur une prise standard. "Renault Twizy, Citroën C-Zéro, Peugeot Ion n'ont pas vraiment besoin d'installation spécifique si le réseau est aux normes, explique Olivier Lamirault, président de la branche VP et du CNPA, qui distribue notamment des Renault et Citroën électriques. En revanche, Luence, Zoé et Kangoo, nécessitent une boîte murale qui assure la recharge nécessaire de façon constance." Pour ces derniers véhicules et pour la majeure partie des modèles électriques à venir, une prise de courant standard ne peut fournir de manière intensive et prolongée la charge nécessaire. Comme un chauffe-eau qui développe une puissance similaire (3 kW), ces véhicules électriques doivent être câblés directement depuis le tableau électrique et disposer d'un circuit et d'une protection dédiés. Ils doivent donc être raccordés à un dispositif de recharge spécifique, afin d'éviter tout risque d'échauffement et donc d'incendie, ainsi que tout effet néfaste sur le fonctionnement des autres équipements électriques de la maison

A quel prix ?
"Une borne résidentielle, revient entre 800 et 1000€, estime Vincent Brunel, directeur des infrastructures de recharge pour véhicule électriques de Schneider Electric, selon l'état de l'installation". En général, ce sont les concessionnaires qui mettent le client en relation avec un électricien partenaire ( notamment dans le cadre d'accords via le Conseil national des professions de l'automobile, CNPA). Psychologiquement, le prix de la boîte murale peut-être un frein, c'est pourquoi constructeurs et distributeurs travaillent sur des solutions de location tout compris (voiture, batterie, pose de la boîte).
Dans un avenir proche, les compteurs intelligents, Smart grids, encore au stade expérimental, moduleront les recharges en fonction de la disponibilité et du prix de l'électricité. Dans certains cas, ils permettront même de solliciter la batterie du véhicule pour alimenter le réseau, lors de pics de consommation.

Et les collectifs ?
Dans les bâtiments d'habitations collectives, les prises dans les parkings sont rarissimes. Applicable depuis juillet, la loi du droit à la prise prise (issue du Gre­nelle de l'Environnement) impose que tout immeuble neuf dispose de 10% de ses places de parking équipées en bornes. À partir de 2015, les bâtiments collectifs anciens devront respecter cette règle si l'un des occupants le demande. C'est sans doute parmi ces citadins des coeurs des villes, que l'on trouvera, dans un second temps, la masse des futurs acquéreurs de véhicules électriques. Encore faudra-t-il que la cité se soit préparée à cette nouvelle forme de mobilité.

/

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.