Salon de Genève 2015 Retour du Fun

Nicolas SCHIAVON

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Ford GT au Salon de Genève 2015

Salon de Genève 2015 Retour de flamme

L’esprit de sérieux semble peu à peu desserrer son emprise sur les grands constructeurs. Le Salon de Genève 2015 prouve que la pas­sion est de retour.

Pendant plus de six ans, les constructeurs ont fait le dos rond, en attendant des jours meilleurs. Ce parti pris du sérieux s'est nette­ment ressenti sur leurs productions. La grande majorité des modèles manquaient, si ce n'est d'âme, au moins de folie. L'heure était en ef­fet à la standardisation, à la rationalisation, à la stratégie de groupe, aux plateformes com­munes, à la course aux économies d'échelles. De Toyota à Volkswagen, de Renault à Fiat ou de Peugeot à Ford, les sourires avaient déserté les calandres. Certes, cette tendance de fond qui traverse le secteur de l'automobile depuis 2008 est toujours aussi forte, et devrait même se structurer davantage dans les années à ve­nir avec le jeu de plus en plus courant des alliances, des rachats et des regroupements (voir notre article « Standardisation et per­sonnalisation »). Mais le refour de flamme est sensible, et Genève 2015 en est la parfaite il­lustration, surtout en comparaison avec 2014.

Les grands noms flambent

Certes, nous n'étions pas très inquiets pour les grandes marques sportives. Porsche a en­chaîné les années fastes, voguant de records de ventes en chiffres d'affaires plus mirobo­lants les uns que les autres. Bentley, Maserati, Aston Martin, Jaguar, Ferrari, Lamborghini, McLaren... pas un des grands bodybuildés n'avait autant affiché la bonne santé de sa musculature que durant la crise. Mais le retour de ce que les spécialistes annoncent comme les beaux jours n'a pas l'air de ralentir leur entrain, bien au contraire. Le cycle vertueux s'accélère même. À tel point que la course à la puissance est relancée, grâce, en partie, aux nouvelles techniques d'hybridation (voir notre article « L'hybride s'invite partout »). La stratégie de Ferrari est le parfait exemple de ce changement d'époque. L'an passé, le Che­val cabré présentait LaFerrari, monstre de puissance, de 963 ch (800 thermique et 163 électrique). Aujourd'hui, c'est la version FXX K qui est lancée sur le devant de la scène.

Son V12 de 6,3 L gagne 60 ch et son bloc électrique 30 ch, pour une puissance totale de 1 050 ch ! L'orfèvre italien répond ainsi à ses assaillants de plus en plus nombreux. À com­mencer par McLaren qui sera à Genève avec la 675LT (itération hautes performances de la 650) et avec la P1 GTR, déclinaison encore plus radicale de sa P1 (de 916 ch, elle passe à plus de 1 000)... L'Aston Martin Vantage GT3, la Bentley Bentayga, la Chevrolet Cor­vette Z06 (600 ch !), la Jaguar XE, et autres monstres d'acier, de carbone, d'aluminium et de chrome viendront jouer les gros bras sur les bords du lac Léman.

Les généralistes se remettent au sport

Alors certes, il est normal que ces grands spé­cialistes des supercars s'en donnent à cœur joie, l'inverse aurait été surprenant, mais la relative retenue de ces dernières années semble bel et bien appartenir au passé. Or, au-delà des firmes radicales, ce sont bien tous les constructeurs, même les plus généralistes qui reviennent à Genève avec de meilleurs résolutions. À commencer par celle de se mettre au sport. Honda, qui a multiplié les sorties placides (CR-V, Civic, Jazz), débarque par exemple, avec une nouvelle génération de la mythique NSX, grande rivale des Ferrari à la fin des années 80.

Un clin d'œil a même que le géant Nippon s'apprête à refaire ses armes en Formule 1, comme à la grande époque des duels Ferrari/McLaren. Un signe qui ne trompe pas, le grand retour des versions sport des modèles grand public. Condamnées il deux ans encore, celles-ci reviennent plus en forme que jamais. Ford Focus RS, Seat Leon Cupra, Volkswagen Golf R, Peugeot 308 GT GTI... un vent de folie regagne les stands même les mini-citadines s'y mettent ! La Twingo sort son jogging avec une version GTI musclée et l'Opel Adam arbore, en bombant le torse, un fier sigle S. Rarement année ne sera donc annoncée aussi faste, sur ce plan-là 1 du moins.

Crise de responsabilité ?

Ce grand retour de l'enthousiasme est sans aucun doute à saluer. Il marque l'arrivée de jours meilleurs, même s'il faut encore rester prudent. Il est réjouissant d'égrener un longue liste de véhicules à vocation sport tant les passionnés en ont été privés pendant d'interminables années. Néanmoins, pour tempérer cet optimisme légitime, il faut tout de même signaler que cette grande déferlante sportive se fait au détriment d'avancées technologiques plus en accord avec les enjeu économiques et environnementaux de notre époque.

Certes, le downsizing (réduction d cylindrée du moteur sans perte de puissance et les progrès de l'hybridation sont là pour rattraper un bilan plus que passable dans ce domaine. L'électricité, bien présente dans certains concepts, disparaît peu à peu des radars. Et, pendant que tout monde prend beaucoup de plaisir à concevoir et à découvrir de nouveaux bolides, Toyota ou encore Honda, en sont déjà à commercialiser leurs premiers modèles à hydrogène destiner à la production à grande échelle. Le vent de folie qui souffle sur Genève est donc réjouïssant et salutaire, mais attention à ce qu'il ne fasse pas trop tourner les têtes, ou à ce qu'on ne les détourne pas trop des véritables enjeux qui attendent encore le monde de l'automobile.

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