Conduite autonome sur le périph, c’est pour demain

Nicolas SCHIAVON

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La voiture autonome de Valeo

La conduite autonome sur Le périphérique, c'est pour demain !

Sans les pieds, puis sans les mains et enfin sans les yeux... Étape par étape, la voiture autonome se met au point. Bientôt, elle pourra être lâ­chée sur certaines voies de circulation. Guillaume Devauchelle, directeur de l'innovation chez Valeo, fait le point.

Où en est Valeo dans la mise au point de la conduite autonome ? Elle a déjà démarré. Les aides à la conduite évoluent vers le véhicule autonome. Dès 2003, Valeo avait promis des manoeuvres de sta­tionnement automatiques pour 2013. Étape par étape, nous y sommes arrivés : créneaux automatiques avec des dis­tances larges, puis courtes, puis asso­ciés à des manoeuvres perpendiculaires, commandées depuis l'intérieur du véhi­cule, puis de l'extérieur. Avec le « voitu­rier automatique », le véhicule se gare seul et trouve lui-même sa place. Au­jourd'hui, 5 millions de véhicules sont équipés de manoeuvres de stationne­ment automatique ou semi-automatique.

Les prochains étapes de la conduite autonome

Quelles seront les prochaines étapes ? Avec les régulateurs de vitesse, on a appris à conduire sans les pieds. Main­tenant, nous allons proposer de conduire sans les mains. Non seule­ment, le véhicule va garder ses dis­tances grâce au régulateur de vitesse adaptatif, mais il va suivre sa voie. L'étape d'après sera sans les yeux. En­fin, ce sera sans la tête, car vous n'aurez plus à vous occuper de la manœuvre.

Quel pourrait-être le calendrier de cette évolution ? Sans les pieds, c'est déjà fait. Sans les mains, on peut déjà proposer le volant qui tourne tout seul, mais qu'on peut accompagner. Enfin, dans une troisième étape, on pourra le lâcher totalement. Il faudra alors adapter la réglementation. La conduite autonome sur le périphérique, où il y a ni piéton, ni feu rouge, ni intersection, ni véhicule venant en sens inverse, c'est pour demain.

La voiture autonome peut apprendre lui-même. Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est ce que nous appelons le machine learning. Par exemple, lorsque vous voyez un piéton qui pourrait traverser, vous faites un petit écart pour garder une distance de sécurité, qui, pourtant, n'est pas nécessaire. En mode conduite auto­nome, le véhicule va vous imiter et faire ce léger déport montrant qu'il a bien vu le piéton.

Ce faisant, il vous mettra plus à l'aise.

La conduite autonome : Comment le conducteur passera-t-il les commandes au véhicule ? Nous avons présenté un concept d'interface homme-machine, appelé Môbius, qui gère cette transition. Lorsque le système détecte les conditions favorables, lors d'un embouteillage, il propose de passer en automatique. Le conducteur n'a alors qu'a appuyer sur le bouton Auto Pilot. Il pourra alors lire ses mails ou regar­der des vidéos... À l'inverse, dès que le système anticipe la nécessité pour le conducteur de reprendre la main, il l'indique par un signal visuel et sonore. Pour cela, il détecte, à chaque instant, l'état de vigilance du conducteur, via une caméra intérieure, et en tient compte.

Quelles seront les principales techno­logies mises en oeuvre ? De multiples capteurs sont nécessaires. Celui à ultrasons détermine la position précise d'un objet ou d'un individu, mais il ne sait pas reconnaître la silhouette, pié­ton, véhicule, arbre... Pour cela, il faut une caméra. Un scanner Lidar indique si cet objet se déplace. Une caméra à infrarouge, qui mesure la tempéra­ture, précise si c'est une personne. Un autre type de caméra détecte le regard du piéton, même s'il porte des lunettes de soleil, qui montre l'endroit où il va.

Comment acquérez-vous ce savoir-faire ? Plus de dix mille ingénieurs travaillent en interne et nous acqué­rons aussi des technologies de l'exté­rieur. Nous avons ainsi des accords avec Safran, pour les caméras sophistiquées, Mobileye, pour les caméras frontales, scanner et laser, Peiker, pour la connectivité, Ibeo, pour le scanner Lidar, et avec des universités du monde entier. Un bureau d'études basé en Californie détecte les start-up dont la technologie nous intéresse. Valeo a ainsi pris 10 % d'Aledia, une société qui fabrique des leds. Enfin, nous achetons des entreprises, comme Connaught Electronics en Irlande, spé­cialisée dans l'agrafage d'images, qui permet de créer une vue d'oiseau du véhicule. C'est une technologie néces­saire pour le parking automatique.

Dans quelle mesure la maintenance prédictive va-t-elle changer l'univers de l'après-vente ? La vision manichéenne entre première monte et après-vente est en train de disparaître, car beau­coup d'éléments vont se télécharger. Tesla a fait il y a quelques semaines plusieurs communiqués majeurs de soft destinés à des véhicules déjà sur la route. II a conçu une ergonomie qui évolue dans le temps. La maintenance prédictive ne se fera pas tous les six mois, mais en fonction de votre façon de conduire. D'autre part, les rappels seront mieux ciblés.

Avec la conduite autonome, la part des équipementiers dans la valeur ajou­tée d'une automobile ne va-t-elle pas encore augmenter? Depuis les vingt dernières années, elle n'a pas cessé de croître. Aujourd'hui, elle est à plus de 70 % et pour certains véhicules, elle est encore plus importante. L'équipemen­tier peut ainsi mieux amortir les coûts de fabrication.

Valeo fabrique 500 000 capteurs à ultrasons par jour, soit plus de 100 millions par an. Aucun constructeur n'est capable d'en consommer une telle quantité. Notre objectif, c'est que, grâce au volume, notre technologie soit accessible au plus grand nombre.
La vision manichéenne entre première monte et après-vente est en train de disparaître,
car beaucoup d'éléments vont se télécharger.

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