Consommations : difficile d’obtenir un consensus

N.S Carideal

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A l'image de Peugeot,et de Renault, l'Utac (Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle) est une vieille maison, une institution en France. Mais à la différence des constructeurs, elle est mal connue. Tout le monde connaît le circuit de Montlhéry (Essonne), mais bien peu savent ce qui s'y passe en dehors des week-ends consacrés à des manifestations évènementielles. À l'occasion de la fusion entre l'Utac et le Ceram (Centre d'essais et de recherche automobile), effective ce mois-ci, L'argus a souhaité rencontrer son président-directeur général et recueillir son point de vue sur les évolutions de son entreprise.

L'utilité de l'Utac ?

Laurent Benoit. L'Utac date de 1945. Elle a été créée pour permettre l'homologation de tous les véhicules routiers. Dans ce cadre, elle a d'abord réalisé les essais pour le compte des autorités françaises (lois nationales), puis pour celui de l'Europe (directive européenne). L'homologation nécessitant beaucoup de moyens d'essais, nous avons un deuxième métier, celui de partenaire pour les constructeurs, équipementiers... afin de développer et valider leurs véhicules routiers. Nous sommes donc service technique pour l'administration: nous sommes chargés de la réalisation de tous les essais en vue d'homologation, et toutes les procédures mises au point pour le contrôle technique sont conçues et rédigées par nos soins pour l'administration. Nous avons aussi une activité événementielle: nous organisons des manifestations spécifiques à la demande de clients, professionnels ou amateurs, et nous avons créé une école de formation à la conduite, où nous formons des chauffeurs du GIGN comme des conducteurs de poids lourds.

Pourquoi cette fusion entre l'Utac et le Ceram?

Ce sont mes prédécesseurs qui-ont saisi cette opportunité en 2008. Quand je suis arrivé en 2011, cela faisait trois ans que le Ceram avait été racheté par l'Utac. Ces deux sociétés vivaient côte-à-côte, mais sans forte synergie. Il m'est apparu nécessaire de les fusionner en un groupe avec différents sites et ainsi élargir l'offre clients. Nous avons créé trois business units: l'une « Event et Formation » dédiée à l'événementiel et à l'école de formation à la conduite ; la deuxième est l'Utac avec l'homologation, la certification, le contrôle technique, qui œuvre pour toute la filière française. Enfin la troixième, le Ceram, où tous les essais sont regroupés sous mon pilotage direct. Historiquement nous n'allions pas chercher les clients, la création d'une direction commerciale technique, il y a un an, nous permet de remédier à ce problème et de passer à l'offensive...

« Le nouveau cycle d'homologation des consommations sera davantage Adapté à la réalité »

Grande complicité entre les services d'homologation et les constructeurs quand il s'agit de mesurer le CO2 des véhicules.

Le choix par les administrations compétentes des sociétés, telles que l'Utac, comme service technique se fait d'abord sur des critères d'indépendance. Il n'y a pas de surveillance des us et coutumes des services techniques. Les essais peuvent être réalisés soit sur les installations du service technique, soit sur les installations du constructeur, sous la responsabilité directe du service technique ou de l'autorité compétente. Quant à l'application des textes, il y a des possibilités d'interprétation soit purement administratives, soit purement techniques. Concernant l'influence des conditions d'essais, elles sont faibles car les essais sont faits en laboratoire, dans des conditions bien définies (donc identiques pour tous) et avec des fourchettes, de température par exemple, relativement faibles; c'est vrai aussi bien pour la consommation (CO2) que pour les autres essais (crashs, pollution...). Par ailleurs, des essais interlaboratoires avec un même véhicule sont réalisés périodiquement pour s'assurer de la bonne corrélation des résultats et donc pour contrôler la mesure.

Les cycles d'homologations des consommations souvent éloignés de la réalité.

Il s'agit d'une réglementation développée dans un cadre mondial, le WLTP. Le cycle actuel qui existe au niveau européen a été développé suite à des travaux auxquels l'Utac a grandement contribué dans les années 1970 et qui a depuis subi quelques modifications. Havait comme objectif premier de permettre la comparaison de la consommation des véhicules. Ce cycle existant fait la part belle au rythme stabilisé, ce qui n'est pas si fréquent au vu des conditions dans lesquelles nous roulons actuellement. Le nouveau cycle sera bien plus dans les « transitoires s, il sera plus adapté à la réalité. Mais il n'y a pas que le cycle qui intervient, il y a aussi la manière de conduire! La réforme prend du temps car il s'avère difficile, voire très compliqué, d'obtenir un consensus au niveau mondial... Les discussions sont en cours à Bruxelles afin d'obtenir une position européenne en 2014 pour une application du WLTP que la Commission européenne envisagerait en 2017.


La DGCCRF doit contrôlée la validité des données sur les étiquettes de pneumatiques mais elle à ni les compétences ni les moyens techniques pour l'effectuer.

Et pourtant, quand on discute avec les manufacturiers, du moins les plus sérieux, ils nous disent: « S'il n'y, pas d'autorité qui contrôle, comment va-t-on faire ? » Techniquement, on pourrais le faire, et de plus, on a la position d'indépendance nécessaire. Quand on fait de la «self-certification », il faut du contrôle.

Certaines procédures a t-elle été revues à cause de l'homologation des véhicules électriques ?

Révolution, non, mais évolution, oui. Il a fallu revoir les procédures d'essais dans les différentes réglementations, c'est surtout cela qui change, plus que les moyens utilisés. Pour information, nous travaillons aussi sur les procédures de contrôle technique pour les véhicules électriques.

Tendances lourdes sur les véhicules constatées sur ces 10 dernières années.

Les véhicules sont de plus en plus sûrs, des progrès phénoménaux ont été réalisés en matière de sécurité passive. Même chose en matière d'émissions polluantes. Acheter un véhicule neuf est important parce qu'à chaque fois, un nouveau pas a été effectué dans ces domaines clefs. Les véhicules sont sans commune mesure avec ce qui se faisait il y a seulement dix ans! Deux domaines sont en pleine Évolution: la sécurité active et la consommation. Beaucoup de choses ont déjà progressé en matière de sécurité, mais il y a encore un potentiel de gain certain, plus pour la s?curit? active (avec le véhicule communicant) que pour la passive au cours des prochaines années. Enfin, les progrès dans le domaine de la consommation passent par des ruptures majeures tant en allègement du véhicule qu'en efficacité des chaînes de traction. Les champs ? explorer sont encore vastes, ce qui rend le métier passionnant!

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